Même si la mode des cheveux gris ou blancs est toujours d’actualité, une majorité de femmes et beaucoup d’hommes continuent à se colorer les cheveux soit par plaisir soit pour estomper les cheveux gris. Que faut-il savoir sur les colorations cheveux ? Naturelles ou pas ? Je fais le point.
Quels types de colorations existent ?
Sur le marché des colorations capillaires, on distingue habituellement les colorations dites “permanentes” des colorations temporaires. Les premières sont toujours assimilées à des teintures dites “chimiques” ou “conventionnelles”. Les secondes peuvent être conventionnelles, végétales ou naturelles.
Colorations conventionnelles ou “permanentes”
Une coloration permanente des cheveux garantit que les pigments existants dans les cheveux sont décomposés et remplacés par de nouveaux pigments qui pénètrent dans la couche interne des cheveux. Les molécules alcalines présentes dans ces produits ouvrent le cuticule du cheveu par gonflement, écartant les écailles du cheveu pour faire pénétrer les agents colorants et libérer l’oxygène, qui éclaircit la mélanine et révèle ensuite la couleur des colorants (précurseurs). Cela maintient la teinture capillaire en place jusqu’à ce que les cheveux repoussent. Certes, la nouvelle couleur des cheveux peut s’estomper, mais c’est très rarement le cas avec les colos de dernière génération.
La teinture chimique de type “couleur permanente” a la meilleure couverture de couleur et est la seule teinture capillaire avec une couverture à 100% des cheveux gris ou blancs. Le souci, c’est qu’elle interagit profondément avec le cheveu et l’agresse d’une certaine façon. En outre, les pigments utilisés ne sont pas naturels pour un sou, pas plus que la base de la formule du produit qui contient soit de l’ammoniac, soit de l’éthanolamine et/ou de la PPD (paraphénylènediamine).
Il faut noter que la décoloration ou le “blondissement” n’est possible qu’avec les colorations permanentes. Il s’agit dans un premier temps de décolorer complètement le cheveu avec un produit décolorant plus agressif, et puis de le teinter dans une nuance de bond, gris, blanc ou châtain qui est plus claire que la couleur initiale. Aucune coloration naturelle ne peut faire ça.
Colorations naturelles
Les colorations naturelles sont en réalité des colorations temporaires. Elles “teintent” les cheveux en surface, mais n’entrent pas en interaction avec le cœur de la fibre capillaire. C’est un peu comme un maquillage des cheveux qui serait très tenace. On ne peut pas éclaircir les cheveux avec les colorations véritablement naturelles, on ne peut que foncer la couleur, couvrir les gris ou blancs, et aussi bien sûr créer des reflets roux, dorés ou auburn dans les chevelures de tout type.
Attention, il y a beaucoup d’abus au rayon des colorations naturelles. Comprenez d’abord bien ce qu’est une vraie teinture naturelle. Les colorations véritablement naturelles sont un mélange de poudres végétales, issues des racines et des feuilles de plantes tinctoriales, et seulement ça. On retrouve souvent le henné (lawsonia inermis) associé à des pigments végétaux (broux de noix pour les bruns, indigo pour certains noirs, etc.). Ces plantes sont broyées et moulues très finement pour rendre actives toutes les molécules colorantes. Ainsi, on augmente l’efficacité de la coloration sans ajout de molécules polémiques (ammoniaque, PPD…) et donc sans risque pour la santé (irritation, cancers…). Il faut noter que les nombreux cas de soi-disant “allergies au henné” sont en réalité liés à la présence d’ingrédients chimiques irritants dans des colorations faussement végétales. Les colorations vraiment végétales sont les plus douces : les pigments naturels entourent le cheveu d’une gaine qui le lisse, le protège et l’épaissit.
Hélas, il existe de plus en plus de colorations qui se disent “végétales”, mais ne le sont pas vraiment. Méfiez-vous des mots “sans ammoniaque” ou “végétale” sur l’emballage : ce n’est pas une garantie de naturalité ! Il s’agit d’un terme marketing pour faire passer pour « verts » des produits qui n’ont rien de naturel ou très peu. Vous pouvez les différencier très simplement en lisant la composition (quand c’est possible), ou par leur aspect : si le produit est blanc et a une odeur chimique, il ne s’agit pas d’une vraie coloration végétale. Dans le doute, préférez les colorations labellisées Slow Cosmétique et / ou bio, comme France’In Paris ou Holi. Elles sont vraiment naturelles et à base de poudres de végétaux pures (henné, noix, amla, curcuma, etc.).
Composition des colorations conventionnelles
Le marché des teintures cheveux s’est amélioré ces dernières années, et est aujourd’hui très varié. Mais, hélas, on trouve encore malgré tout dans une majorité de formules des ingrédients qui fâchent.
Concentrons-nous sur quatre types d’ingrédients polémiques dans les colorations conventionnelles ou faussement naturelles. Il faut les éviter pour diverses raisons :
- La PPD (Para-PhenyleneDiamine) : elle sert à faire pénétrer les agents colorants à l’intérieur de la fibre capillaire, et passe facilement la barrière cutanée/cuticulaire. Cet ingrédient présenterait un risque accru de cancer de la vessie chez les coiffeurs et les personnes qui utilisent des colorations régulièrement.
- Le Résorcinol : c’est un ingrédient fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien agissant sur le système immunitaire et la thyroïde. S’il est dans un produit qui encourage le passage de la barrière cutanée, il peut perturber le système nerveux central, la peau, les yeux, et les voies respiratoires. Il est classé dangereux pour l’environnement (R50), et très toxique pour les organismes aquatiques. Dommage, dans un produit à rincer ! L’ether diglycidique du résorcinol, une molécule très proche du résorcinol, est interdite dans la réglementation européenne des cosmétiques, mais le résorcinol est encore utilisable sous conditions et on le trouve souvent dans les compositions..
- Les toluènes et en particulier le Toluene 2,5 Diamine Sulfate : il s’agit de substances extrêmement sensibilisantes et non neutres pour l’environnement.
- Les dérivés de goudron comme le p-Aminophenol ou le 1-Naphtol : il s’agit d’ingrédients peu nobles, dérivés de la chimie relativement lourde, et qui sont irritants, potentiellement dermotoxiques et allergisants.
Ne vous contentez jamais d’une indication « sans ammoniaque » sur les emballages de vos colorations, et pensez à préférer les produits labellisés bio et/ou Slow Cosmétique qui sont d’office exempts de tout cela. Mais attention, on trouve hélas parfois en magasins bio des colorations non labellisées (bio ou Slow Cosmétique), donc exigez un vrai label sur l’emballage.
Colorations Végétales : avantages et inconvénients
Les colorations vraiment végétales permettent de recouvrir les cheveux gris ou blancs, d’obtenir de jolis reflets, ou de revenir à sa couleur naturelle de façon totalement saine. Lorsqu’elles sont formulées à base de henné pur et de bonne qualité, elles offrent aussi un vrai soin gainant et adoucissant à la chevelure. Colorer ses cheveux avec des produits naturels présente donc plusieurs avantages pratiques. En outre, ils sont moins polémiques pour la santé : les colorations végétales exclusivement à base de poudres tinctoriales ne contiennent normalement ni perturbateurs endocriniens, ni substances particulièrement irritantes. Leur action temporaire est plus douce pour la fibre des cheveux : la couleur se dépose en surface et ne pénètre pas la fibre. Enfin, de nombreux végétaux présents dans les colorations naturelles ont des propriétés bénéfiques aux cheveux : ainsi par exemple les poudres de henné pur, brahmi, ou amla offrent protection, fortification et embellissement. Certaines marques arguent que le brahmi aide à la pousse des cheveux…
Les désavantages sont cependant là aussi. D’abord, il faut comprendre que l’application est délicate (lire le point suivant). Ensuite, les colorations 100 % végétales disparaissent avec les shampoings plus ou moins vite selon les cheveux, la qualité de la coloration et la fréquence des shampoings. Elles peuvent aussi “dégorger” dans les les heures qui suivent la coloration, et tacher des tissus ou la peau. Mais tout cela est surtout de l’ordre pratique.
Comment faire une coloration végétale naturelle ?
La technique a son importance. Car, en effet, c’est un peu plus compliqué que d’utiliser une coloration conventionnelle…
Afin de réussir une coloration végétale chez soi, il faut d’abord bien préparer ses cheveux. C’est hélas un impératif que cette “détox” avant teinture végétale. Sans elle, la couleur ne “prend” pas ou est décevante. Cela se fait en deux étapes : un shampoing sans silicone suivi d’un masque à l’argile verte, ou un masque spécifique qui détoxifie le cheveu en profondeur (et le rend un peu plus poreux). Toutes les marques bio et/ou Slow Cosmétique de coloration capillaire proposent au moins un soin préparateur (Holi cosmétiques, Marcapar, France’In, Khadi, Terre de Couleurs…). La préparation permet aux cheveux d’être nettoyés des résidus de colorations chimiques précédentes et de mieux fixer la nouvelle couleur. Le masque à l’argile (soin préparateur) doit être utilisé correctement : laissez poser le temps indiqué, et rincez abondamment.
Quand vient le moment de la coloration, le jeu consiste à appliquer une pâte à base du mélange de poudres tinctoriales avec de l’eau. La pâte doit s’appliquer uniformément sur toute la chevelure détoxifiée au préalable. Il faut alors, chez la plupart des marques, couvrir la tête avec un bonnet qui maintient un bon niveau de chaleur pour que la coloration opère. Le temps de pose est primordial et il convient de bien lire le mode d’emploi. Le rinçage aussi est important.
Tout est assez technique : pour la coloration, les proportions à respecter sont précises et on ne peut pas improviser, sous peine d’avoir une couleur qui tire sur le vert ou le jaune. En outre, il est souvent nécessaire d’appliquer plusieurs fois la pâte de coloration végétale afin d’obtenir la couleur voulue, en particulier pour masquer les cheveux blancs. Notez aussi que les résultats peuvent varier selon la couleur initiale des cheveux.
Une solution pour une première coloration végétale est de confier sa chevelure à un.e professionnel.le. Contactez une marque labellisée bio et/ou Slow Cosmétique, et demandez-lui l’adresse d’un salon de coiffure qui utilise ses produits dans votre région. Les marques Holi Cosmétiques et France’In Paris sont dignes de confiance. Les coiffeurs formés à la colo végétale pourront alors vous accompagner dans les étapes et vous garantir un excellent premier résultat.
Comment entretenir sa coloration végétale naturelle ?
Une coloration végétale n’étant pas permanente, il faudra la refaire assez régulièrement en fonction de la repousse ou de sa façon de s’estomper. C’est assez variable selon chacun.e. Pour l’éclat de votre coloration naturelle, il est conseillé de faire de temps en temps un masque soin maison à base d’ingrédients naturels (karité, huiles végétales, aloe). De même, il faut veiller à adopter une routine excluant tout produit contenant des silicones, car cela interfère avec la fixation de la coloration végétale suivante. Et ce n’est de toute façon pas écologique 😉
Et vous ? Que pensez vous des colorations naturelles pour les cheveux ? Avez-vous déjà repéré de fausses colorations végétales en magasins bio ?