« Mmmh… Tu sens bon ! » 🙂 Tout le monde aime qu’on le lui dise…
Mais quelle est cette bonne odeur qui porte fièrement le logo glamour d’une grande marque ? Malheureusement, il n’y a aucun moyen de le savoir vraiment…
Dans cet article, quelques informations essentielles s’imposent…
Surtout qu’à l’approche des fêtes, on va encore voir les chiffres des parfumeries exploser…
Je vous donne aussi une recette sympa de parfum maison en guise de cadeau ! 😉
Le parfum, en tant qu’ingrédient cosmétique, n’est pas soumis au détail dans la liste des ingrédients INCI (la liste obligatoirement affichée sur les emballages de vos cosmétiques). On ne sait pas ce qui le compose.
Le parfum, c’est l’exception qui confirme la règle en matière d’INCI. On le désigne dans la liste des ingrédients sous le terme « fragrance » ou « parfum », sans en donner les composants, sauf les allergènes présents dedans (linalol et compagnie) qui seront mentionnés en fin de liste.
Pourtant, un parfum contient souvent des dizaines, voire des centaines de composés (volatils le plus souvent).
Mauvaise nouvelle, la quasi-totalité des parfums de grandes marques sont formulés à base de composés synthétiques, et ils ne sont pas sans polémiques. Quel dommage pour des produits qui coûtent si cher !
Qu’on se rassure, on peut comprendre pourquoi il n’est pas évident de détailler les composés d’un parfum dans la liste INCI. Parce que le parfum, le « jus », est considéré comme un secret industriel, fruit d’un savoir-faire, d’une création commerciale. C’est compréhensible.
Le souci, c’est que du coup pour les parfums, eaux de toilette, eaux de parfum, etc, on ne peut pas savoir ce que le produit contient si ce n’est l’alcool et ce fameux « parfum ». Il en va de même pour les crèmes, les gels et les soins parfumés. On ne lira que « parfum » ou « fragrance » dans la liste. Mais il y a d’autres composés synthétiques dans le parfum qui méritent notre attention. Du coup, mieux vaut s’informer un peu avant de se jeter sur un parfum et de dire « J’adore » !
Que contient mon parfum ?
La base des parfums en vapo, eaux de toilette et eaux de parfum est l’alcool. On y solubilise le parfum créé par le nez, créateur du parfum.
On peut citer quelques soupçons concernant les parfums en tant que produits finis. Ces remarques valent pour tous les parfums même les plus chers, sauf les parfums certifiés bio qui doivent se plier à une charte de formulation précise et naturelle.
- Des phtalates:
Cette classe de produits chimiques a été liée à plusieurs reprises à des phénomènes de perturbation hormonale. Certains y voient un facteur pouvant affecter le développement et la fertilité, voir les cancers. Le diéthyl phtalate (DEP) est encore utilisé dans de nombreux produits cosmétiques, y compris des parfums. On l’utilise surtout pour rendre l’alcool dans le parfum impropre à la consommation (hips ! ). En 2010, une campagne américaine en a trouvé dans 12 parfums sur 17. Pas très sexy, mais il faut reconnaître que la communauté scientifique et l’Union Européenne ne considèrent PAS que le DEP, pour cet usage cosmétique, présente un quelconque risque pour la santé humaine. Ouf ! Sur avis du SCCP-Comité scientifique européen, on apprend que les concentrations utilisées sont très éloignées de la zone toxique. Mais…il y a un mais…
Si chaque parfum individuel est « safe » et non toxique, on ne parle par contre jamais de l’effet cocktail, qui consiste à s’exposer à plusieurs substances dans plusieurs produits chaque jour et à les accumuler. Le risque est certes faible, mais le doute est présent.
Une autre question que je trouve importante et sans réponse, c’est : pourquoi avoir recours à des matières aussi peu nobles dans des parfums qu’on présente comme luxueux ?
- Des allergènes :
La réglementation européenne relative aux cosmétiques liste les substances parfumantes considérées comme allergènes. Si ces molécules sont présentes dans une formule, par exemple dans un parfum ou une huile essentielle, elles doivent figurer explicitement dans la liste INCI sur l’emballage. On retrouve ainsi bien souvent à la fin de la liste des noms d’allergènes qui ne sont pas des ingrédients à proprement parler mais bien des composés d’ingrédients.
Voici la liste des substances parfumantes allergènes dont la présence doit être mentionnée sur l’emballage des produits cosmétiques en Europe (à éviter donc si l’on est allergique à l’une d’elles) :
Alpha-Isomethyl Ionone, Amyl Cinnamal, Amylcinnamyl Alcohol, Anise ou Anisyl Alcohol, Benzyl Alcohol, Benzyl benzoate, Benzyl Cinnamate, Benzyl Salicylate, Butylphenyl Metylpropional, Cinnamal, Cinnamyl Alcohol, Citral, Citronellol , Coumarin, Eugenol, Farnesol, Geraniol, Hexyl Cinnamal, Hydroxycitronellal, Hydroxyisohexyl 3-Cyclohexene Carboxaldehyde, Isoeugenol, Limonene, Linalool ou Linalol, Methyl 2-Octynoate, Evernia prunastri, Evernia furfuracea.
Le problème, c’est qu’on ne fait pas la différence entre parfum synthétique et naturel. Au contraire, on focalise surtout sur les huiles essentielles et essences naturelles comme des concentrés d’allergènes.
Les dermatologues vous le diront : les cas d’allergies sont de plus en plus nombreux. Et ils accusent souvent les huiles essentielles…
En réalité, les parfums synthétiques et naturels, autant les uns que les autres, sont très souvent la cause de réactions allergiques.
La position des défenseurs de la cosmétique naturelle est que les molécules aromatiques de synthèse isolées sont plus allergisantes que les mêmes molécules aromatiques naturelles, non isolées. Ainsi, par exemple, des tests ont porté sur le linalol, une molécule contenue dans beaucoup de plantes aromatiques (lavande…). Ces tests ont prouvé que le linalol était un allergène mais on a testé cet allergène en tant que molécule isolée, telle qu’on la retrouve dans les compositions de parfums synthétiques. Or, à l’état naturel, dans les huiles essentielles par exemple, cette molécule n’est jamais isolée et est intimement liée à la présence d’autres molécules aromatiques.
L’huile essentielle de lavande vraie par exemple contient beaucoup de linalol, ce qui ne l’empêche pas d’être considérée comme une des huiles essentielles les mieux tolérées. Tout cela reste cependant discutable, car tant les cosmétiques naturels que conventionnels peuvent causer des allergies.
BREF : Si vous identifiez dans une liste INCI le mot « fragrance » ou « parfum », le produit contient un parfum (synthétique dans la plupart des cas). Plus rarement, le parfum d’un produit peut être obtenu à partir d’essences naturelles et, dans ce cas, vous lirez “parfum”, ou alors seulement les noms botaniques des plantes aromatiques si le fabricant n’a pas voulu garder le secret. Si vous êtes allergique, évitez l’allergène en question en analysant la fin de la liste.
- Des muscs synthétiques.
On en parle très peu mais ce sont des substances problématiques. En 2009, on apprend grâce à des étudiants autrichiens que de hauts niveaux de muscs synthétiques dans le sang peuvent être liés à une utilisation répétée de parfums. Ah bon :-/ On identifie les muscs galaxolide et tonalide dans le sang. Plus tard, une étude polémique aux USA par l’Environmental Working Groupe en trouve dans le sang du cordon ombilical de nouveaux nés.
Or, des recherches suggèrent que les muscs synthétiques peuvent perturber le système hormonal. Galaxolide et tonalide semblent se lier et avoir une action oestrogen –like et progestérone- like. Ceci est cependant très controversé au niveau scientifique.
Ce qui est par contre plus certain, c’est que les muscs synthétiques ont aussi un impact négatif sur l’environnement car ils ne sont pas bien biodégradables, on en trouve partout !
Au départ, l’idée de remplacer les muscs animaux par des muscs synthétiques est bonne, mais la question que je me pose est de savoir si on aurait pas dû penser tout simplement à se passer des muscs, pour aller vers des fragrances autrement pensées, conçues… et plus naturelles.
Voir le rapport de greenpeace à ce sujet : http://www.greenpeace.org/belgium/Global/belgium/report/2010/2/parfum-de-scandale-une-enqu.pdf
Il est désolant de constater que les rayons des parfumeries (toutes!) sont remplis de fragrances purement synthétiques. Il n’existe dans ces magasins presque aucune eau de toilette ou parfum encore formulé à partir d’essences purement naturelles. On vous parle d’un nouveau parfum à la bergamote, au cèdre, à la vanille ou à l’iris ? Hélas ! Toutes les fragrances de la dernière génération sont obtenues grâce à la chimie de synthèse. Et on parle très peu de l’état de santé des femmes qui travaillent en parfumerie au long terme. Où est le luxe dans tout cela ?
Le lien avec la nature est vraiment très ténu. Et si vous ajoutez à cela que les parfums sont aujourd’hui emballés dans des flacons rivalisant d’originalité, alliant dorures bling-bling et matières plastiques teintées dans la masse, vous comprendrez aisément que le marketing a pris le dessus. Rien de glamour aux yeux de la Slow Cosmétique…
ON FAIT QUOI ALORS ?
L’AVIS DE LA SLOW COSMETIQUE sur les PARFUMS
Face à un parfum ou un produit parfumé de façon synthétique, il faut être conscient de la chose. On réfléchit : soit on utilise moins le parfum et on évite la surexposition, soit on tente de trouver des substituts naturels (huiles essentielles diluées, eaux florales ou extraits aromatiques de fruits ou de fleurs qu’on trouve aujourd’hui facilement sur internet). Bien choisies et faiblement dosées, les huiles essentielles et les essences naturelles ne causent pas plus d’allergies que n’importe quel parfum synthétique. Qu’on se le dise !
Heureusement, il y a aussi des eaux de toilette et des parfums certifiés bio. Ces produits respectent une charte restrictive et ne peuvent pas contenir de phtalates tels que cités, pas de muscs synthétiques nitrés non plus. Ils sont ni plus ni moins allergènes que les autres.
Si vous ne trouvez pas votre bonheur dans le commerce, il est possible de se fabriquer un parfum aux huiles essentielles à la maison, mais c’est évidemment très différent en terme de tenue. On utilise pour cela de l’alcool à 70° ou de la vodka, une base alcoolisée naturelle très pratique pour les parfums ou les déodorants. Choisissez une vodka non odoriférante que vous trouverez en supermarché. Inutile de dépenser des fortunes. Pour bien disperser les huiles essentielles dans l’alcool, il vous faudra aussi un peu de glycérine végétale. Vous la trouverez chez votre droguiste ou sur commande chez votre pharmacien pour un prix très modique. On en trouve aussi sur les sites Internet.
Quelles huiles essentielles pour un parfum réussi ?
Un parfum maison doit se construire comme un parfum classique. On marie toujours des notes de fond, des notes de cœur et des notes de tête.
Je vous donne ici des conseils tirés de mon livre “Adoptez la Slow Cosmétique”
Pour le dosage, comptez toujours entre 80 et 100 gouttes d’huiles essentielles pour 100 ml de parfum au total.
Ainsi par exemple pour un parfum aux senteurs délicates d’agrumes, on répartit dans 90 ml de vodka, 30 gouttes d’huile essentielle de cèdre pour la note de fond, 40 gouttes d’huile essentielle de néroli pour la note de cœur et 30 gouttes d’essence de pamplemousse ou de citron pour la note de tête (voir ci-dessous les huiles essentielles avec leur utilisation adaptée).
Une fois que vous avez compris cela, vous pouvez marier jusqu’à 6 huiles essentielles entre elles. C’est là le maximum. Peu importe la répartition. On a plutôt tendance à utiliser plusieurs huiles essentielles pour les notes de tête que l’on sent en premier, et à ne pas dépasser 2 ou 3 huiles essentielles pour les notes de fond et de cœur réunies.
Pour varier les plaisirs, on peut aussi utiliser des extraits hydroalcooliques de fruits ou des teintures mères. Ces produits se trouvent en herboristeries ou sur Internet. Les fragrances de ces extraits aromatiques sont plus gourmandes que celles des huiles essentielles. Vanille, benjoin et noix de coco sont parmi les parfums les plus appréciés. On les dosera comme des huiles essentielles, goutte à goutte.
Voici quelques exemples d’huiles essentielles adaptées pour la fabrication de parfums maison :
- Huiles essentielles adaptées aux notes de fonds : les « bois » et les molécules « lourdes ». Exemples : bois de rose, bois de Hô, épinette noire, sapin baumier, cèdre de l’Atlas, cyprès, ciste ladanifère, ylang-ylang, cannelle, genévrier… La teinture de benjoin ou l’absolue de vanille conviennent aussi parfaitement mais ce ne sont pas des huiles essentielles à proprement parler.
- Huiles essentielles adaptées aux notes de cœur : les « fleurs » et les « feuilles ». Exemples : lavande vraie, lavandin, camomille, géranium, lemongrass, palmarosa, ciste ladanifère, ylang-ylang, néroli, petit grain bigarade, rose de Damas, romarin, sauge, mélisse officinale, menthe verte, angélique ou verveine citronnée… On ajoute à cette liste les extraits hydroalcooliques de coco, de café ou de fruits rouges.
- Huiles essentielles adaptées aux notes de tête : les essences d’agrumes ou les « hespéridées ». Exemple : orange douce, citron, mandarine, pamplemousse, litsée citronnée, lemongrass, palmarosa, néroli…
Vous aurez noté que certaines huiles essentielles sont à la fois adaptées aux notes de cœur et aux notes de tête.
RECETTE d’EAU DE TOILETTE PERSONNALISEE AUX HUILES ESSENTIELLES
Dans un joli flacon en verre de 100 ml (recyclez un flacon muni d’un embout spray), ajoutez successivement à l’aide d’un entonnoir :
- 9 cuillères à soupe de vodka
- 1 cuillère à café de glycérine végétale (en pharmacie, chez le droguiste ou sur Internet)
- 80 à 100 gouttes d’huiles essentielles au choix selon les indications décrites ci-dessus.
<<<< Conseils : achetez des huiles essentielles labellisées bio ou Slow Cosmétique ! >>>>
Refermez le flacon et agitez la préparation. Laissez reposer au réfrigérateur pendant 48 heures en agitant le flacon plusieurs fois par jour pour bien répandre les arômes dans l’alcool.
Plus vous laissez reposer, plus le parfum s’exprime. Si après quelques jours le parfum vous semble trop fort, vous pouvez ajouter une petite quantité d’eau minérale à la préparation et laisser reposer à nouveau.
Utilisez cette eau de toilette aromatique sur la peau, les cheveux ou les vêtements. Évitez toutefois de vaporiser sur des vêtements clairs ou fragiles.
Soyez très prudent avec les huiles essentielles. Testez votre parfum sur une petite surface de l’épaule ou du bras avant de l’utiliser quotidiennement.
RECETTE de PARFUM SOLIDE
Pour un pot de 10 ml environ
Faites fondre au bain-marie :
- 1 cuillère à café de beurre de karité
- 1 cuillère à café d’huile de jojoba ou d’amande douce
- ½ cuillère à café de cire d’abeille (quelques paillettes)
Retirez le mélange fondu du feu. Ajoutez avant la solidification les fragrances suivantes : 6 gouttes d’huile essentielle au choix pour la note de fond (exemple pour un parfum exotique : ylang-ylang), 6 gouttes d’huile essentielle au choix pour la note de cœur (exemple pour un parfum exotique : géranium bourbon), 6 gouttes d’essence d’agrume ou d’huile essentielle au choix pour la note de tête (exemple pour un parfum exotique : pamplemousse).
Versez le mélange encore liquide dans un petit pot en verre ou en plastique bien hermétique et laissez reposer au réfrigérateur 48 heures avant utilisation.
Notons que ce parfum solide se présente sous la forme d’un baume très dur. Il faudra donc y frotter le doigt pour le chauffer quelque peu avant application sur la peau en plusieurs touches sur la base du cou, sur les poignets ou dans la nuque.
ET VOUS ? QUE PENSEZ-VOUS des PARFUMS ?
FAITES VOUS UN LIEN ENTRE SANTE et PARFUMS ?
QUOI QU’IL EN SOIT, JE VOUS SOUHAITE TOUT LE PLAISIR SLOW DE DECOUVRIR VOTRE PROPRE PARFUM ET TOUTE LA SENSUALITE DES PLANTES POUR REVOLUTIONNER LA PARFUMERIE ! 😉