Vous pensiez que les (micro)plastiques dans les shampoings et les gommages, c’était fini ? Hélas, ce n’est pas tout à fait vrai… Décryptage pour vous aider à mieux consommer !
Quels est le problème avec les plastiques cosmétiques ?
Ils polluent gravement !
En effet, tout se retrouve dans la mer. Les bien connues microbilles de plastique, mais aussi les plastiques et polymères liquides dans les shampoings ou gels qu’on rince. Tout part vers la mer.
Eh oui, ces plastiques ne peuvent pas être retenus par les stations d’épuration. Résultat : ils se retrouvent dans la mer et perturbent le régime alimentaire de la faune marine. On les soupçonne même d’avoir un effet de perturbateurs endocriniens sur les micro-organismes. Ceci peut théoriquement impacter toute la chaîne alimentaire.
Relisez aussi mon article complet sur le pourquoi éviter les plastiques dans les cosmétiques.
Quels sont les plastiques qu’on retrouve dans les cosmétiques ?
Il y en a de plusieurs types :
- les “microplastiques” : ce mot désigne tous les plastiques “solides” dont la taille est inférieure à 5mm, pouvant aller jusqu’à une taille rikiki de 0.1 micromètre (ils sont alors invisibles).
Il s’agit surtout de particules provenant de l’usure des plastiques. Il s’agit parfois de microbilles de plastiques issues des gommages cosmétiques, des gels douche, etc.
Ces plastiques solides polluent gravement car ils perturbent la santé endocrinienne des organismes marins qui les ingurgitent. Des études ont montré que cela avait une influence sur la santé sexuelle et hormonale des micro-organismes (eux même à la base de la chaine alimentaire des poissons). - les “plastiques liquides et polymères” : cette famille est moins étudiée, mais très très présente dans les shampoings, les gels douche et les cosmétiques à rincer. Il s’agit de toutes les silicones, et des substances comme “acrylates co-polymer” qu’on retrouve souvent dans les liste INCI des produits d’hygiène.
La loi n’interdit-elle pas les microplastiques dans les cosmétiques ?
Oui et non. En France, la Loi pour la Biodiversité a interdit depuis janvier 2018, les microbilles de plastique au sein des cosmétiques rincés à fonction de nettoyage ou d’exfoliation. En Europe, on prévoit une interdiction pour 2022 si on se base sur les avis de l’Agence Européenne des produits Chimiques (ECHA). Cependant, cela ne concerne QUE les microbilles de plastiques, pas les plastiques et polymères liquides qu’on peut encore trouver dans certains cosmétiques à rincer.
Quels cosmétiques contiennent des plastiques ?
Il s’agit de cosmétiques conventionnels uniquement. Les shampoings, après-shampoings et gels douche ou gels lavants sont très concernés.
Les cosmétiques bio et les produits labellisés Slow Cosmétique n’en contiennent jamais.
On trouve des substances plastiques, et/ou des silicones et des polymères liquides ou pâteux surtout dans les shampoings et les après-shampoings car se sont de bons ingrédients conditionneurs. On en trouve aussi dans certains gels douche, dans des gels lavants mains, dans certains gommages en gel.
Enfin, n’oublions pas qu’on en trouve énormément dans produits de maquillage (fond de teint), car leur effet texturisant “velours” est souhaitable pour ces produits-là.
Analyse de cosmétiques avec plastiques, silicones et/ou polymères :
J’ai fait un shopping pour étayer cet article. J’ai acheté trois produits :
- Le premier produit est un shampoing Elseve Resist : il contient en troisième ingrédient après l’eau et l’agent moussant, de la dimethicone : c’est une silicone très courante utilisée dans les shampoings et les fonds de teint pour que le produit ait un effet gainant, lissant. Ce n’est pas vraiment du plastique, mais cela s’y apparente puisque c’est de la silicone. Ce n’est hélas pas biodégradable.
- Le deuxième produit est un gel douche Ultra Doux de Garnier qui se présente comme plus naturel, mais il contient l’ingrédient « Acrylates Copolymer ». C’est un polymère « plastique » de nature liquide qui est étudié notamment par l’université d’Amsterdam car on le retrouve dans la mer du nord, non résorbé.
- Le troisième est un gel nettoyant visage Nivea fraîcheur fleur de Lotus : pas de microbilles (puisque la loi les interdit) mais hélas j’ai trouvé dans ce produit en très bonne place dans la formule l’ingrédient Acrylates Copolymer. En outre, il contient aussi presque tous les ingrédients qui ont soulevé des polémiques dans les années 2000 : 2 parabens, le phenoxyethanol, et même la triethanolamine. Cet ingrédient est limité dans son dosage par l’Europe car il est irritant. Sa fabrication résulte d’une réaction chimique entre l’oxyde d’éthylène et l’ammoniac, pas très slow ni green, voyez-vous.
Voilà des produits pourtant d’usage quotidien, et qu’on rince dans le lavabo, et qui partiront dans la mer (les stations d’épuration ne peuvent pas retenir les plastiques liquides, ni les conservateurs polémiques pour l’environnement).
Est-ce désespérant ? Oui et non. Tous ces produits sont tout à fait règlementaires. Mais si on est écolo, c’est à éviter.
Comment choisir un cosmétique sans plastique ?
Le plus simple est de choisir un produit labellisé bio ou Slow Cosmétique. Car ces labels interdisent tout simplement l’utilisation de plastiques et polymères d’origine synthétiques ou très transformés et non biodégradables.
Sinon, il faut lire les étiquettes et décrypter la liste INCI. On peut déjà soigneusement éviter les shampoings et les gels lavants qui contiennent des ingrédients siliconés. Pour cela, on évite les ingrédients qui terminent en – ICONE ou – OXANE.
Ensuite, il s’agit d’éviter les produits qui contiennent des polymers synthétiques ou apparentés. C’est moins facile, mais on peut éviter le mot « -polymer » dans un autre mot. Il faut aussi éviter les mots qui contiennent les éléments “Vinyl” et “PVC” et “Polyethylène”
Vous voulez encore plus slow ? On peut aussi se laver les cheveux ou le corps avec de l’argile mélangée dans de l’eau, en pâte à crêpe. Se laver à l’argile ? C’est étonnant mais ça marche très bien. 😉