On voit de plus en plus de cosmétiques afficher fièrement « 0% » sur leur emballage, ou encore « sans silicone »… Ces produits paraissent ainsi plus sains. Qu’en est-il vraiment ? Voici un petit décryptage…
Shampoings sans silicone
Voilà une allégation qu’on voit de plus en plus depuis 2 ans environ. Regardez mon exemple ici.
Pourquoi voit-on ça ? Parce que les marques cosmétiques se sont rendu compte que beaucoup de consommateurs savent que les silicones ne sont pas biodégradables et polluent les milieux aquatiques, surtout dans les produits qu’on rince. Par ailleurs, certains pensent qu’elles étouffent les cheveux et les rendent « accro » à la substance.
Cosmétique “sans” : une garantie ?
- Cette allégation vous garantit que le produit ne contient aucune silicone. C’est-à-dire ni diméthicone, ni hexasiloxane, ni – normalement – aucune substance plastique ou polymérique assimilable à une silicone. Mais hélas cela s’arrête là.
Le shampoing pourra très bien contenir des ingrédients malgré tout polluants : des tensio-actifs de type sulfates ou certains conservateurs de type EDTA ou parabens autorisés, ou certains parfums de synthèse non biodégradables entièrement.
Allégation “sans” en cosmétique : légal ou pas ?
- Oui et non. On ne peut pas utiliser la mention « SANS quelque chose » n’importe comment ! Depuis 2019, on ne peut par exemple pas indiquer sur un produit « SANS cyanure », tout simplement parce que ce composé est de toute façon interdit par le règlement cosmétique européen. On ne peut pas non plus afficher sur un produit « SANS phenoxyethanol ». Pourquoi ? Parce que cet ingrédient est bel et bien autorisé et que dans ce cas-là l’allégation laisse penser que les produits qui contiennent cet ingrédient sont mauvais.
Par contre, l’allégation cosmétique « SANS quelque chose » (sans alcool, sans parfum) est tolérée règlementairement si elle apporte au consommateur « des informations utiles, compréhensibles et dignes de foi » et « qu’elle leur permettent de décider en connaissance de cause et de choisir les produits qui correspondent le mieux à leurs besoins et attentes » (cf. avis du 16/04/2020 de la DGCCRF)
Gels douche, déos et soins « zéro % »
L’allégation « zéro » est apparue tout récemment. Elle semble remplacer peu à peu les allégations « sans » qui justement sont complexes à utiliser. Elle est un peu plus difficile à comprendre pourtant…
En effet, quand on lit « Zéro » sur un produit, on peut penser qu’il est garanti « pur » ou « sans aucun ingrédient polémique » du tout. Pourtant, le « zéro » porte toujours sur un ou deux éléments seulement, et l’allégation ne garantit que cela, rien de plus. Voici des exemples :
Gel douche 0 %
Dans ce gel douche Tahiti par exemple, on voit bien le logo « 0% ». Mais si on lit sur quoi le zéro porte, on voit que cela nous dit « pas de savon dans ce produit » et « pas de colorants ». C’est intéressant, mais cela ne nous dit pas que le produit est exempt de tout ingrédient polémique. Et pour le coup, celui-ci contient du sodium laureth sulfate (un tensio-actif réputé irritant sur le très long terme), de l’EDTA (un conservateur un peu polémique pour l’environnement), du parfum synthétique et encore un ingrédient éthoxylé.
Déodorant 0%
Sur ce déo Dove, on lit si on regarde de plus près que le zero porte sur les sels d’aluminium. Voilà donc un déo sans aluminium. C’est bien, mais cela ne garantit pas une formule naturelle ou plus saine qu’une autre.
Ce produit contient par exemple beaucoup de dérivés pétrochimiques, un dérivé d’huile de palme, un parfum synthétique et l’alpha-isomethylionone (un composé parfumé allergisant). Personnellement, je recommande plutôt les déos sans alu mais avec une formule de déodorant naturel.
Quelles garanties pour des cosmétiques vraiment sains ou écolos ?
Il y en a de plusieurs types. D’un côté, certains label. De l’autre, votre propre jugeotte ! 🙂
Les labels cosmétiques reconnus
Les labels bio (cosmebio, natrue, vidasana, … il y en a plusieurs) et le label Slow Cosmétique : ces labels garantissent l’absence d’ingrédients pétrochimiques, plastiques, et synthétiques polémiques pour l’environnement ou la santé.
Par contre ils ne garantissent pas l’absence de substance allergisantes, ni d’ingrédients un peu irritants parfois (huiles essentielles ou acides dérivés du végétal).
Mais ce sont quand même ces labels qui doivent guider tous vos achats, car ils sont sérieux et surtout plus sensés pour la planète et la santé.
La liste INCI à décryper
Apprendre à lire et comprendre tous les ingrédients en langage INCI (qui s’apparente au latin) peut aider à repérer un ingrédient dont on ne veut pas ou qu’on ne peut pas utiliser. Ainsi par exemple : PEG pour le polyethylene glycol, alcohol pour l’alcool, etc).
L’association Slow Cosmétique a édité une page pratique pour apprendre à décrypter les INCI cosmétiques.