Dans un monde où l’on court après le temps, où les émotions s’accumulent et les pensées tournent en boucle, écrire peut devenir un refuge, et parfois un espace de soin. L’écriture thérapeutique, loin d’être un simple loisir, est de plus en plus reconnue comme un véritable outil de transformation….

De plus en plus de gens parviennent, stylo en main ou clavier ouvert, à redonner voix à leur vécu, à organiser leurs émotions, et à retrouver une part de paix intérieure. Mais qu’est-ce que l’écriture thérapeutique et quels sont ses bénéfices ? Et comment s’y mettre en confiance ?
Qu’est-ce que l’écriture thérapeutique ?
L’écriture thérapeutique est une médiation psychique : elle permet d’explorer les pensées et les émotions en dehors du champ de la parole classique. Parfois intégrée dans des approches d’art-thérapie ou de psychothérapie, elle offre un espace alternatif pour déposer ce qui ne trouve pas d’expression autrement. Son but est d’intégrer des pensées et de les digérer pour transformer un comportement ou un état d’esprit. On l’appelle aussi parfois écriture expressive, ou “expressive writing” en anglais.
Quelques caractéristiques clés de l’écriture thérapeutique :
- il s’agit d’une médiation sans jugement : le style ou la forme littéraire compte peu, car c’est le processus qui est le plus important. On écrit donc sans jugement et sans souci de perfection.
- l’exercice a une intention thérapeutique assumée, cela implique d’en avoir conscience dans la pratique : on écrit mais on observe aussi ce qui se passe intérieurement dans le but d’intégrer des choses, de panser des plaies.
- l’écriture thérapeutique est multiforme : on écrit des textes ou des mots de 1001 façons possibles, de façon créative (guidée, le plus souvent). On peut pratiquer seul, en duo avec un professionnel, ou en groupe lors d’un atelier.

Bienfaits avérés de l’écriture thérapeutique :
Depuis les années 1980, les psys et les scientifiques s’intéressent au sujet et ont pu prouver que l’écriture expressive a des effets bénéfiques variables sur la santé mentale et physique. Mais tout dépend du public étudié, du contexte et de la méthode employée.
Voici ce qui est certain :
- réduction du stress et de l’anxiété : l’écriture permet de sortir les pensées envahissantes et d’apaiser l’esprit avant une tâche stressante ou dans un contexte de tension / stress.
- amélioration de la connaissance et de l’estime de soi : l’écriture expressive permet d’identifier des schémas récurrents, des blessures, mais aussi des ressources.
- réduction des pensées intrusives négatives en cas de maladie grave (type cancer).
Résilience face aux traumatismes - légère augmentation des capacités de résilience face à un trauma ou une épreuve.
- amélioration du sommeil (en huit semaines, sur femmes jeunes).
- augmentation de la créativité artistique personnelle (thème étudié et travaillé par
Julia Cameron, notamment).
Plus généralement, plusieurs témoignages étayent que l’écriture thérapeutique peut aider en cas de deuil post-décès d’un proche, en cas de rupture amoureuse, en cas de réorientation professionnelle, ou en cas d’épisode de déprime non pathologique.
Comment pratiquer l’écriture thérapeutique ?
Il existe plusieurs façons de se lancer mais certaines sont plus efficaces que d’autres… En effet, une écriture thérapeutique guidée professionnellement est plus suceptible de donner des résultats rapides et concrets qu’une pratique en solo. Cependant, tout dépend de votre nature et de votre cas, ainsi que de votre environnement.

En solo avec un livre ou une méthode :
Il est possible de se mettre à l’écriture thérapeutique chez soi en toute simplicité…
Choisissez un support papier, comme un carnet de “journaling” (un des éléments récurrents en écriture thérapeutique), un stylo plaisant et des accessoires simples mais sensoriels – qui vous plaisent. C’est important pour le confort et l’effet.
Fixez avec vous-même un moment régulier pour la pratique. Quelques minutes chaque jour ou plusieurs fois par semaine est déjà très bien. L’important est la constance plutôt que la durée. Même 10-15 minutes peuvent suffire au début.
Créez un cadre sûr. Pratiquez dans un lieu calme, sans distraction, avec une ambiance adaptée. Si possible, s’arranger pour que ce que l’on écrit reste confidentiel – si on ne souhaite pas partager avec ses proches ou sa famille.
Commencez par des exercices décrits dans des livres publiés ou des vidéos étayées : écriture spontanée du matin, journal intime, lettre à soi-même, lettre à un(e) autre non envoyée, poésie personnelles ou métaphores, etc…
Laissez toujours parler ce qui est là : émotions, pensées, souvenirs — mêmes ceux que l’on juge difficiles ou embarrassants. On écrit sans filtre, sans chercher à corriger ou à plaire.
En compagnie d’un professionnel de l’écriture thérapeutique
Plusieurs professionnels dans votre région sont susceptibles de proposer des séances individuelles ou de groupe en écriture thérapeutique : psychologues, art-thérapeutes ou coaches en écriture sont les plus qualifiés. Ne confondez pas les simples ateliers d’écriture (très à la mode) avec l’écriture thérapeutique, car cette dernière est centrée sur la solution à un déséquilibre ou un trauma, alors que l’autre non.

Vers qui se tourner ? Si votre état mental est fortement dégradé et votre humeur comme votre quotidien fortement empêchés ou modifiés, il est probable qu’un psychologue qui pratique l’écriture thérapeutique est le plus indiqué. Si par contre votre état mental est plutôt en proie à des moments de blocages temporaires (ça va , ça vient), du stress ou des doutes qui troublent le quotidien sans pour autant le chambouler, ou une mélancolie latente, alors votre choix peut être plus large.
2 QUESTIONS à JULIEN KAIBECK, écrivain et connaisseur de l’écriture thérapeutique
Faut-il relire ses écrits si on pratique l’écriture spontanée ou le “journaling” ?
JK : Oui, mais en douceur et en conscience. Il faut si possible attendre quelques jours avant de se relire, voire plus. Relire ses écrits peut être puissant — et il ne faut pas relire pour corriger ou s’autoflageller, mais pour identifier des motifs, des évolutions, des émotions qui se répètent. C’est une manière aussi de voir le chemin parcouru. C’est plus facile avec un guide / praticien. Quand je pratique l’écriture thérapeutique en séance mieux-être à Lille ou Tournai, nous laissons un moment pour observer, puis nous discutons (la personne surtout), et nous ébauchons une esquisse de ce qui se dégage de là.
Quelles précautions sont à connaître ?
JK : L’écriture thérapeutique n’est pas un remplacement de la psychothérapie (en cas de traumatisme sévère, de troubles psychiques importants, de pensées morbides, etc.). C’est un complément éventuel. Certaines émotions peuvent ressortir avec intensité : colère, tristesse. Il faut donc se donner du temps, et ne pas attendre un effet immédiat. Les bienfaits de l’art sur le mental sont sûrs, mais prennent du temps. Ne jamais oublier qu’il est préférable d’avoir le soutien d’un ami·e ou thérapeute si cela devient trop difficile ou frustrant.
Conclusion : écrire peut être un soin
L’écriture thérapeutique offre une promesse simple mais profonde : prendre la plume, c’est parfois ouvrir une porte et se donner le droit de nommer l’indicible, d’espérer reconstruire. Partout en francophonie et ailleurs, des gens de bonne volonté découvrent que les mots sont des alliés puissants dans leur quête de paix intérieure.
Avec du temps, une bonne méthode et une ouverture d’esprit accompagnée, les mots viendront, et avec eux une part de guérison si nécessaire.



